Famille autarcique et situation d'immigration

Elisabeth Bizouard-Reicher
2004 Le Divan familial  
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more » ... st précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) Vie et action d'une famille autarcique Le Tout La famille autarcique apporte un démenti à la notion de semblable : celui qui nous ressemble, tout en étant différent de nous. En revanche, elle vit le mythe d'un Tout, où la séparation sera suturée, ou bien niée. Plus une famille est autarcique et plus les parents sont un Tout, les enfants, aux yeux des parents, sont un Tout, les enfants et les parents doivent constituer un Tout, dont les parties sont interchangeables, On met un enfant dans son lit quand le conjoint manque. On dira «les gosses», « les enfants », plutôt que Jean et Christine. Les désirs de tout un chacun ne doivent surtout pas dépasser du Tout, ou le heurter. La famille autarcique se doit de paraître à elle-même aconflictuelle. La difficulté ne peut être tranchée faute d'avoir été posée. Les fonctions paternelles correspondantes font ici défaut. Et puisqu'on ne parle pas, on ne risque pas d'entamer ce qui doit rester intact : le Tout. Au seuil d'un échange de parole authentique se dressent en effet des différences. Mais dans cette famille, on communique surtout par osmose, moyen de communication materno-infantile par excellence. Ouater. Le maternel (contrairement au féminin) exprime l'absence de différences, le repos, le retour vers la paix. Gérard Decherf, qui mentionne aussi la notion d'autarcie, souligne combien dans certaines familles toute différence contient d'idée de séparation, d'incompréhension et de souffrance. L'on est en présence de « matrice familiale idéale, à l'abri des menaces, comme un ventre maternel » 1 . Au sein d'une famille autarcique, c'est également un sentiment de pérennité qui est donné à satiété. Il est désiré non seulement face aux sentiments variés de l'enfant, mais aussi en face d'un monde instable et précaire. Une assurance plus profonde est soutenue par la prédominance maternelle et par une défaillance des fonctions paternelles de coupure et d'écart temporel : la famille est l'épaisse enveloppe, apportant le sentiment d'un temps immobile, donc d'un abri complet et quasiment inconditionnel. Ne l'oublions pas : le mythe d'un temps arrêté est l'un de ceux auxquels l'humanité dans son ensemble reste attachée. Pourtant Goethe pensa que ce mythe est habité par le diable. CHANGEMENTS DANS LA PARENTALITÉ 113 CHANGEMENTS DANS LA PARENTALITÉ 125
doi:10.3917/difa.013.0111 fatcat:d35pj6r6o5h7pl4bdqg6goxyta