« L'homme qui souffre et l'esprit qui crée »
Dominique Casajus
2005
Systèmes de pensée en Afrique noire
Systèmes de pensée en Afrique noire 17 | 2005 L'excellence de la souffrance « L'homme qui souffre et l'esprit qui crée » "The man who suffers and the mind which creates" Dominique Casajus Édition électronique URL : http://span.revues.org/655 Éditeur École pratique des hautes études. Sciences humaines Édition imprimée Date de publication : 1 juin 2005 Pagination : 25-49 ISSN : 0294-7080 Référence électronique Dominique Casajus, « « L'homme qui souffre et l'esprit qui crée » », Systèmes de pensée
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... en Afrique noire [En ligne], 17 | 2005, mis en ligne le 05 juin 2013, consulté le 24 février 2017. URL : http:// span.revues.org/655 ; DOI : 10.4000/span.655 © École pratique des hautes études L'excellence de la souffrance Systèmes de pensée en Afrique noire, 17, 2005, pp. 25-49 L'amour est, paraît-il, une invention du XII e siècle. C'est du moins, comme chacun s'en souvient, ce que Denis de Rougemont affirmait dans L'amour et l'Occident, en un temps où l'Occident s'abîmait dans la haine. L'affirmation est excessive, bien sûr, comme toutes celles qu'il risquait dans ce livre véhément et hâtif. Il n'en demeure pas moins que l'amour est devenu dans l'Europe des troubadours « la grande affaire » de la poésie et qu'il l'est resté depuis 1 . Nouvelle en Europe, cette association de l'amour et de la poésie était depuis longtemps chose d'évidence pour les Arabes, et on n'a pas fini de s'interroger sur ce que leur doivent nos poètes médiévaux. On pourrait également évoquer le précédent plus lointain de la poésie érotique romaine, mais les troubadours comme les Arabes s'en séparent sur un point : dans leurs compositions, l'amour est avant tout une source de souffrance ; privé de l'objet de son désir, l'amant qu'ils mettent en scène chante vers après vers sa solitude et sa souffrance. À ce titre, un examen de ces deux traditions poétiques a sa place dans le présent volume. Avant de les aborder, on considérera la poésie touarègue contemporaine, dont il y a tout lieu de croire qu'elle a emprunté ses thèmes à l'ancienne poésie arabe. L'assemblage peut paraître hétéroclite mais j'espère qu'il se justifiera à mesure que mon propos avancera. Disons d'emblée que, outre les thèmes qu'ils partagent, les « poésies » ou les « chants » (termes employés ici pour leur seule com-
doi:10.4000/span.655
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