Itinéraire d'un agent double

Stéphanie Plenchette, Sabrina Romagny, Véronique Laurens, Ali Bettaieb
2016 M S.Médecine Sciences  
> La S-nitrosylation est une modification posttraductionnelle par laquelle le monoxyde d'azote (NO) régule l'activité des protéines. Cette modification particulière exerce un rôle déterminant dans le contrôle des mécanismes de transduction du signal qui gouvernent de nombreux processus cellulaires. Aujourd'hui, il apparaît que la S-nitrosylation joue un double jeu, activateur ou inhibiteur, dans la signalisation cellulaire de la croissance tumorale ou l'induction de la mort cellulaire. Grâce
more » ... travaux démontrant l'effet cytotoxique du NO, de nouvelles stratégies thérapeutiques visant à utiliser des donneurs de NO ont été développées. Leur mode d'action, encore mal connu, cible un nombre important de protéines. Cette revue fait le point sur l'état actuel de nos connaissances sur les protéines S-nitrosylées de la signalisation oncogénique et apoptotique, en mettant en avant les protéines pour lesquelles la S-nitrosylation représente un intérêt thérapeutique pour le traitement du cancer. < que la S-nitrosylation, la tyrosine nitration ou encore la métal S-nitrosylation. D'abord considérée comme une MPT atypique, la S-nitrosylation est à présent mieux décrite et reconnue pour être indispensable pour la régulation de la fonction de nombreuses protéines et voies de signalisation qui sont impliquées dans toutes les fonctions cellulaires. La S-nitrosylation constitue la MPT majeure, engendrée par le NO sur les protéines. Elle module leurs structures, leurs fonctions, leurs expressions, leurs localisations ou encore leurs interactions avec d'autres partenaires protéiques. La nature dichotomique du NO dans le cancer est dictée par l'impact de la S-nitrosylation sur des protéines impliquées aussi bien dans la survie que dans la mort cellulaire. Au cours de ces dernières années, plusieurs travaux s'accordent sur le fait que l'impact fonctionnel de la S-nitrosylation sur les protéines est largement dépendant du contexte cellulaire et de son statut rédox 1 . La S-nitrosylation : une modification post-traductionnelle à part entière Le NO est l'une des plus petites molécules endogènes impliquées dans des fonctions biologiques. Avec une demi-vie très courte, de l'ordre de la seconde, le monoxyde d'azote a une action restreinte aux protéines qui sont situées dans son environnement proche. La S-nitrosylation est la fixation non-enzymatique d'une molécule de NO sur un groupement thiol (-SH), porté par les cystéines. Le dérivé nitrosé (-SNO) ainsi formé présente toutefois une stabilité limitée dans le temps, puisqu'il peut subir des dénytrosylations qui font intervenir aussi bien des mécanismes non enzymatiques (processus de transnitrosylation) 1 État rédox : indique le pouvoir oxydant ou réducteur d'une substance. Le rôle du monoxyde d'azote, ou NO (nitric oxide), dans la biologie du cancer est une histoire qui continue de soulever de nombreuses controverses. Le NO est une petite molécule gazeuse radicalaire, très réactive, connue pour jouer un rôle ambivalent, aussi bien antitumorigène que protumorigène. Au sein de la cellule, le NO est produit par une famille d'enzymes appelées NO-synthases (NOS) qui catalyse l'oxydation de la L-arginine en L-citrulline et en NO. Quatre NOS, la NOS neuronale (nNOS), la NOS inductible (iNOS), la NOS endothéliale (eNOS) et la NOS mitochondriale (mtNOS, l'isoforme α de la eNOS) assurent la production intracellulaire de NO aussi bien dans des conditions physiologiques que pathologiques. L'action biochimique du NO concerne essentiellement les protéines en provoquant des modifications post-traductionnelles (MPT) telles Vignette (Photo © Inserm-Sandrine Humbert et Morgane Thion).
doi:10.1051/medsci/20163206027 pmid:27406774 fatcat:4fbopvbsgrcbnb5q57mf2kcci4