«Bienheureuse vie éternelle» en médecine sportive: déduction d'un non-sens intemporel

Christian Seiler
2011 Forum Med Suisse   unpublished
Les femmes plus rapides que les hommes? Le débat semble immortel: en athlétisme, les femmes vont-elles courir plus vite que les hommes? Les explications biologiques possibles allant dans ce sens ne manquent pas: les femmes peuvent courir à un plus haut niveau de capacité maximale de captation d'oxygène que les hommes, elles peuvent mieux utiliser le glycogène stocké, il y a des différences en faveur des performances féminines dans le métabolisme des lipides, la libération d'hormones de
more » ... e, la résistance contre le stress oxydatif et la sensation douloureuse [1] . Au plus tard depuis le pronostic dans la revue renommée «Nature» [2] que les femmes dépasseraient les hommes au 100 mètres en 2156, la mort immédiate du discours aurait pu être prévue. Car la méthodologie amenant à cette conclusion, qui sera expliquée plus loin, peut sans autre être interprétée comme erronée. Des études de médecine sportive plus récentes posent maintenant la question de savoir si une course de 216 km ou plus permettrait de découvrir la supériorité de la femme [3], ou si le rapprochement des temps dans le «Iron Man Triathlon» n'annoncerait pas la disparition des limites athlétiques liées au sexe [1]. Cet article suit un autre point de vue sur la guéguerre acharnée de savants en suivant les arguments de la fraction pro-féminine, peut-être jusqu'à l'absurde. Modeler le marc de café Tatem et ses collègues prédisent qu'avec les secondes gagnées aux 100 mètres sprint aux Jeux olympiques entre 1900 et 2004 les femmes dépasseront les hommes vers le milieu du siècle prochain [2] ( fig. 1 x) . Ce pronostic se base sur une analyse statistique sérieuse des données enregistrées dans le passé, et le concept sous-jacent est la description mathématique de l'interaction observée entre les facteurs intéressants (ici année et temps) avec une projection dans le futur. En biologie, un accident tel que l'éclosion d'une maladie infectieuse, un infarctus du myocarde, une tension artérielle dans des circonstances données, ou même le temps au sprint, dépend souvent de plus d'un facteur. Il en est tenu compte par le fait que les multiples facteurs influençant le résultat sont pris dans la modélisation de l'ensemble des données observées [4] . Ces données pourraient donc être un marc de café qui n'est pas simplement lu mais modélisé mathématiquement. Cette technique s'appelle analyse de régression multiple, multivariate ou multivariable et pas autrement. Le choix de la fonction mathématique pour décrire la relation entre les données est vrai un acte arbitraire, mais qualitativement vérifiable. Utilisé pour l'étude de Tatem et al., cela signifie: décrire la dépendance des temps du 100 mètres sprint en fonction de l'année avec une équation linéaire et un signe négatif a donné comme résultat que chez les hommes cette dépendance n'a été influencée que d'environ 12% (1-r 2 = 1-0,882) par d'autres facteurs que l'année. C'est peu en biologie mais beaucoup en sciences techniques. Si le marc de café est plutôt interprété, c.-à-d. lu, ou plutôt reproduit proche de la réalité par la fonction mathématique choisie, cela peut être aussi constaté par les écarts entre les points réels et modélisés. C'est ainsi que ressort la fonction mathématique qui reflète au plus près la vérité. Dans la question de savoir si le futur tiendra ce que promet le passé, les techniques futurologistes de la lecture du marc de café retrouvent celles de l'analyse de régression multivariate. La correspondance abondante sur l'article de Tatem et al. montre que tous les aspects décrits de la statistique ont été pris en compte et que les conclusions de ce travail sont par conséquent valides. Ainsi rassuré et renforcé par des anecdotes médico-sportives de femmes ayant remporté des ultramarathons, le pronostic pour 2156 peut être consolidé. La déduction de «bienheureuse vie éternelle» La consolidation est un outil de recherche translationnelle. Normalement son vecteur va de la science fondamentale aux études cliniques; ici il est inversé: il part de la physiologie sportive humaine appliquée et va à la physique, la métaphysique et jusqu'à la philosophie, la théologie et éventuellement la satire. Les facteurs intéressants dans cet «experiment» translationnel sont vitesse (de course) et temps. Tatem et ses collègues disent dans leur travail [2]: «...we show here that -if current trends continue -it is the winner of the (100-metre sprint) event in the 2156 Olympics whose name will be etched in sporting history forever, because this may be the first occasion on which the (women's) race is won in a faster time than the men's event.» En employant la même méthode statistique (analyse de régression linéaire best-fit), nous obtenons un résultat encore plus évident que Tatem et al. en actualisant leurs données pour 2010; et ceci malgré le record du monde «extraterrestre» d'Usain Bolt (Berlin 2009, 9,58 secondes) Christian Seiler L'auteur n'a déclaré aucune obligation financière ni personnelle en rapport avec l'article soumis.
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