«L'idée d'une initiative populaire était révolutionnaire!»

2014 PrimaryCare  
L'idée d'une initiative populaire était révolutionnaire!» Bernhard Stricker en entretien avec Hansueli Späth Primary Care: Tu étais Président de la SSMG début 2006, lorsque nous avons décidé d'organiser une manifestation le 1.4.2006 sur la Place fédérale. Quels souvenirs et impressions gardes-tu aujourd'hui de cette manifestation? Hansueli Späth: Naturellement, je garde des impressions positives de la manifestation du 1.4.2006, ainsi qu'une certaine fierté. Après tout, nous, membres de la SSMG,
more » ... avons mis sur pied quelque chose d'unique et ce, en nous heurtant à de nombreuses résistances à l'époque, y compris au sein de nos propres rangs! Je pense qu'aujourd'hui, nous pouvons tout à fait légitimement affirmer que c'est uniquement grâce à la manifestation que le processus politique s'est mis en route. Te souviens-tu encore des premières discussions au sein du Comité de la SSMG au sujet d'une possible initiative populaire au profit des médecins de famille (à l'automne 2006)? Quelles étaient à l'époque tes premières idées et réflexions? Bien sûr que je m'en souviens. L'idée d'une initiative populaire était révolutionnaire! Ainsi, je voulais impérativement m'assurer au préalable auprès de personnes expérimentées en politique que cela soit véritablement un plan réaliste. Après qu'Iwan Rickenbacher nous a confirmé qu'une initiative était tout à fait possible et parce que nous savions qu'avec Bernhard Stricker, nous avions un combattant expérimenté en matière d'initiatives populaires, j'étais totalement confiant et les vagues discussions ont lentement pris une tournure concrète. D'après toi, était-ce une bonne chose de retirer l'initiative au profit du contre-projet direct du Parlement? Si j'écoute mon coeur, non -je me serais bien battu pour notre initiative. Mais d'un point de vue réaliste, il s'agit de la seule bonne décision prometteuse de succès et je la soutiens totalement. La votation populaire du 18 mai 2014 au sujet du contre-projet à l'initiative des médecins de famille viendra en quelque sorte clore un processus politique qui a débuté le 1.4.2006. Quel bilan en tires-tu? En cas de victoire à la votation, qu'auront obtenu les médecins de famille par rapport à ce qu'ils avaient initialement exigé? Une grande partie de nos «revendications clés» de l'époque sont déjà exaucées aujourd'hui. Le lobbying à petite échelle et en particulier le Masterplan ont beaucoup apporté. Au bout du compte, en cas de victoire à la votation, nous aurons probablement obtenu bien davantage que ce dont nous pouvions rêver. Sur le plan politique, la médecine de famille est ancrée dans les agendas et il ne reste plus qu'à espérer qu'il en restera ainsi après la votation! Où se situent les médecins de famille en tant que groupe professionnel aujourd'hui -par rapport à 2006? L'image qu'ils se font d'eux-mêmes et leur confiance en soi ont-elles changé? Non, je pense qu'il n'y a pas encore assez de choses qui se sont produites pour les médecins de famille de la base. Les changements sont encore trop peu perceptibles et il faudra encore de nombreuses années avant que cela soit ancré dans tous les esprits. En tant que groupe professionnel, nous sommes toujours particulièrement hétérogènes -et peut-être même plus qu'autrefois. Avec MFE, nous avons toutefois une association professionnelle forte et engagée, ce qui constitue une véritable avancée par rapport à 2006. En revanche, je ne pense pas que nous, médecins de famille, manquons de confiance en nous -sinon, la manifestation du 1 er avril 2006 n'aurait même pas été possible! Selon toi, quelles seront les répercussions d'un résultat positif à la votation du 18 mai 2014 sur l'image de la profession de médecin de famille? La votation n'est pas une campagne d'image mais une bataille politique! Ce n'est pas l'ancrage dans la Constitution qui modifie l'image d'un groupe professionnel -regardez l'exemple des agriculteurs! Nous pouvons uniquement modifier notre image par le biais de notre travail quotidien et de notre conduite. A ton avis, comment se poursuivront à long terme le mouvement et la politique des médecins de famille? Nous avons de jeunes médecins de famille à la hauteur, qui reprendront le flambeau du processus débuté en 2006. Comme nous atteindrons un but le 18 mai, il y a toutefois le danger que nous devenions peu exigeants et plus calmes, amenant les politiciens à nous faire lanterner sous prétexte que nous avons eu ce que nous voulions. Combien de temps comptes-tu encore exercer la médecine de famille? Et songes-tu éventuellement à redevenir actif dans le domaine de la politique professionnelle? En 2006, le médecin de famille Hansueli Späth, qui était alors Président de la SSMG, a été un instigateur de premier plan de la manifestation du 1.4.2006. Il a ensuite l argement soutenu et contribué à l'idée d'une initiative populaire.
doi:10.4414/pc-f.2014.00640 fatcat:auebsibyz5dhldperanj2uafce