Une voie de l'« art premier » dans le Japon du XVIIe siècle
Anne Bouchy
2003
L'Homme (En ligne)
Ce document est un fac-similé de l'édition imprimée. © École des hautes études en sciences sociales N P R I M I T I V I S T E a vant la lettre !" Telle fut l'une des réactions que suscita la vue de re p roductions des oeuvres d' Enku (1632-1695), comme cette triade de Kannon (Fig. 1), lors de la pre m i è re présentation que j'en fis en France, en février 1 9 99 2 . Elle faisait écho à la stupéfaction exprimée par les « d é c o u v re u r s » d' Enku dans les années 1956-60 au Japon, qui
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... t cependant entre la qualification de primitif et celle de primitiviste : « ...un f a u v i s m e l i b re! » « C'est une sculpture qui é voque l'époque primitive. [...] Sa technique [...] ressemble à celle de Cézanne qui, en peinture, [...] inventa le cubisme ; mais Enku vécut deux cents ans ava n t l u i ! [...] on pense aux statues égyptiennes et à l'a rt nègre » 3 . Que l'on connaisse ou non l' h i s t o i re de la statuaire japonaise, on est en effet dès l' a b o rd saisi par ces trois longs corps, conservant la courbure même du tro n c unique que la hache a seulement séparés en trois pour en délimiter les contours. Des socles laissés bruts, des lignes de vêtements à peine indiquées prolongées par les stries du bois, des drapés latéraux dégagés en une volée de coups dégradés, des mains émergeant seules de la masse où restent engloutis les bras, et, dire c t ement posés sur les épaules étroites, des visages où les traits sont de légère s encoches. Pa rtout la trace de l'outil. Pas de poli, ni de paru re peinte. Une apparence totalement fruste, qui pourrait être le résultat d'une technique ru d i m e nt a i re. Ce que l'on peut dire de cette triade part i c u l i è re ment re m a rquable, est, à peu de chose près, identique pour toutes les autres statues d'Enku. Po u rt a n t , dans tous les cas, précision et assurance dans le travail de sculpture transparais-L' H O M M E 165 / 2003, pp. 143 à 172 Une voie de l'"art premier" dans le Japon du XVII e siècle La statuaire d'Enku ¯, pérégrin de l'Essentiel
doi:10.4000/lhomme.201
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