Le char de l'espérance

Denis-Constant Martin
2002 L'Homme (En ligne)  
Ce document est un fac-similé de l'édition imprimée. © École des hautes études en sciences sociales ES SPIRITUALS afro-américains, ce que l'on a coutume d'appeler les negro ou black spirituals, constituent aujourd'hui un répertoire emblématique de la musique noire des États-Unis. Considérés comme une des « sources » du jazz, ils ont toujours leur place dans les services baptistes, méthodistes voire sanctifiés. Popularisés par des artistes venus d'Outre-Atlantique, chanteurs religieux mais aussi
more » ... interprètes habituels de musique « classique » (dans le sillage de Marian Anderson), objet de traductions (comme celle de Marguerite Yourcenar), ils sont appréciés des publics euro-américains et européens ; certains ont même été adaptés au rituel catholique. Une longue maturation Ce répertoire est né dans l'esclavage, au terme du long processus de créolisation qui affecta les Africains déportés vers l'Amérique du Nord après 1619 ; pourtant la forme des chants qui le composent, telle qu'on la connaît aujourd'hui, a été fixée assez tardivement. L'évangélisation des esclaves ne fut véritablement entreprise qu'à partir du premier Réveil religieux (Great Awakening) qui souleva l'Amérique du Nord en 1734. Des Noirs libres, mais des esclaves aussi, y participèrent. La ferveur des Camp Meetings 1 qui le caractérisaient, revivifiée par le second Réveil à partir de 1801, donna un contenu nouveau aux enseignements qui avaient pu être auparavant adressés aux esclaves par des missionnaires ou par les colons eux-mêmes. Alors, sur les fermes et les plantations, les esclaves se réunirent, autant que possible hors du contrôle des Blancs, pour prier à leur manière et inventer des rituels répondant MUSIQUE ET SOCIÉTÉ
doi:10.4000/lhomme.143 fatcat:q5l633xgbvashbrtgze5uanzdq