Condition féminine
Abderrahim Lamchichi
2002
Confluences Méditerranée
Distribution électronique Cairn.info pour L'Harmattan. © L'Harmattan. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf
more »
... ord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. statut peut varier considérablement d'une région à l'autre, d'un milieu social à l'autre ; en outre, dans maintes sociétés musulmanes, des femmes ont accédé à l'éducation, au travail, à la culture, voire aux plus hautes responsabilités publiques ; partout, des femmes luttent ouvertement pour imposer leurs droits et libertés. Mais l'autoritarisme politique, l'absence de libertés démocratiques et surtout la crise sociale -qui perdure depuis des décennies (conditions de vie extrêmement pénibles, démographie galopante, urbanisation chaotique, chômage des jeunes, crise du logement...) -n'ont malheureusement pas permis d'aborder cette question avec sérénité et dans un esprit d'équité. Chacun le pressent : les questions liées aux désarrois de l'amour et de la sexualité, aux innombrables obstacles à leur plein épanouissement, celles des troubles du masculin et du féminin sont loin d'être étrangères aux malaises identitaires, aux réactions parfois passionnées, pour ne pas dire violentes, dont maintes sociétés musulmanes sont hélas ! actuellement le théâtre. S'il convient de rendre justice à l'islam, en concédant qu'à l'origine, et compte tenu du contexte de l'époque, celui-ci était plutôt «progressiste» et favorable à une certaine forme d'émancipation féminine, il ne faut pas occulter le fait que les pratiques religieuses et sociales ont ensuite lentement évolué, pas toujours dans le bon sens, confondant souvent respect des coutumes patriarcales ancestrales, prescriptions coraniques, droit religieux (interprété et appliqué de manière plus ou moins sévère selon les époques), pour nier finalement à la femme ses droits les plus élémentaires. Des interprétations divergentes Cependant, il n'est pas absurde, ni illégitime, de se poser les deux questions suivantes : une situation aussi inique, imposée aux femmes dans un certain nombre de pays musulmans, est-elle étroitement et exclusivement liée à la substance même -ou à une soi-disant essenced'une religion prétendument sexiste et aliénante ou bien résulte-t-elle plutôt d'une certaine approche littérale et stricte, dont découle évidemment une pratique injuste, fort éloignée de l'esprit de la religion ? Pour les uns, à l'instar des autres branches du monothéisme, la sharî'a (qui, doit-on le rappeler, est une construction relativement tardive des Docteurs de la foi) n'a jamais pu véritablement se défaire de son caractère discriminatoire à l'égard des femmes. Le droit CONFLUENCES Méditerranée -N°41 PRINTEMPS 2002 90
doi:10.3917/come.041.0089
fatcat:3ibkfefsvbdvhp42tf6cajje5i