II est de règle de citer Colbert à propos du bel ouvrage que représentent aujourd'hui nos futaies de chêne les plus réputées, âgées de 250 à 300 ans ; la paternité lui en est volontiers attribuée. La préoccupation qu'était pour le grand ministre l'approvisionnement des arsenaux de la marine fut en effet l'une des raisons des efforts qu'il entreprit pour restaurer les forêts, reprendre en mains leur gestion et les orienter du taillis, fournisseur de moyens de chauffage (énergie et besoins

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... ques) vers la futaie productive de bois de charpente et en premier lieu de charpente marine. Cependant les futaies nées de son action puis traitées selon les méthodes de la futaie régulière élaborées au cours du XIX e siècle et toujours en vigueur, nous livrent aujourd'hui des bois aux formes très régulières, fûts sans branches sur de grandes longueurs (10 à 20 m), presque parfaitement rectilignes ; ces bois sont tout à fait aptes aux techniques actuelles du tranchage et du placage alors que les arsenaux de la marine demandaient des bois aux débits et aux formes très variés. Un document de 1802 illustre de façon remarquable la différence profonde entre les bois que Colbert avait demandés aux forestiers de produire et ceux que nous récoltons aujourd'hui, modelés par l'action entreprise et réalisée dans le sillage longuement prolongé de la fameuse ordonnance de 1669 dont il était le responsable. Ce document est l'« Instruction de l'Administration générale des forêts sur le choix, le martelage et l'exploitation des bois de marine », signée du 20 messidor an onze par les administrateurs généraux des forêts : Bergon, Allaire, Chauvet, Guéheneuc, Gossuin. Editée dans le format 29 x 43, cette instruction comporte dix pages de texte, trois pages de tarifs arrêtés à Brest les 16 novembre 1765 et 15 mars 1783, ainsi que vingt-trois planches en trois teintes et quatre planches monochromes. Les illustrations donnent au document éloquence et agrément tout particuliers. Chacune des vingt-trois planches en couleurs représente un arbre à la forme caractéristique avec le tracé et la dénomination des pièces de charpente qui s'inscrivent dans le dessin du fût et des branches principales. En légende sont données en mesures anciennes (pieds et pouces) et nouvelles (mètres et centimètres) les dimensions, longueur, largeur et épaisseur de chaque pièce. Les quilles, allonges, étraves et contre-étraves, courbes d'arcasse, genoux de 153 R.F.F. XXX • 2-1978