Le peuple et la coca. Populisme cocalero et restructuration de l'échiquier politique bolivien

Cécile Casen, Erwan Sommerer
2005 Amnis  
Somos pueblo, somos MAS » 1 : c'est avec ce slogan que le Movimiento Al Socialismo, le parti d'Evo Morales, s'est présenté aux élections de décembre 2005 en Bolivie. Il illustre le caractère populiste d'un discours qui prétend faire du MAS l'incarnation du peuple. Cette rhétorique est à l'origine d'un bouleversement des clivages politiques héri-tés de la transition démocratique. En effet, alors que le système politique fonctionne depuis 1985 sur la base de coalitions régulières entre un nombre
more » ... imité de partis, les mouvements sociaux contestent la légitimité de cette démocratie dite « pactée » et réin-troduisent une logique antagoniste là où le consensus prédominait. Ainsi, le mouvement social mené par les paysans cultivateurs de coca, les cocaleros, a donné lieu à la structuration d'un « instrument politique » destiné à occuper l'espace électoral, et s'est engagé dans une dynamique partisane. En s'émancipant de la défense du seul intérêt sectoriel et corporatiste, le MAS s'est positionné sur la scène politique nationale et a fait d'Evo Morales une figure incontournable : son émergence pose la question de la légitimité pluraliste et représentative des institutions boliviennes. C'est ce renouvellement de la contestation et ses conséquences que l'on se propose d'étudier ici : comment s'est effectué le passage d'une revendication sectorielle à cet
doi:10.4000/amnis.1024 fatcat:62idfowaebad5hsxpmpayn4q6y